Comment les oiseaux volent au secours de notre bien-être
Naturaliste, autrice et philosophe, Élise Rousseau défend bec et ongles les vertus bienfaitrices de la gent ailée. Ornithérapie, l’ouvrage qu’elle a co-écrit avec son compagnon Philippe J. Dubois, dessine les chemins d’une nécessaire reconnexion avec la nature et ses fascinantes créatures.
Ce qu’elle ressentait en son for intérieur en observant les oiseaux dans leurs milieux a été prouvé scientifiquement par des études récentes : les oiseaux participent à notre bien-être. D’où l’idée du livre, Ornithérapie – Et si les oiseaux nous aidaient à aller mieux ?, manifeste pour s’intéresser de plus près aux mésanges, pinsons et autres moineaux. « Tous ces oiseaux font partie de notre quotidien, il suffit d’apprendre à leur porter un peu plus d’attention. Tout le monde peut profiter de leurs bienfaits, en ville comme à la campagne », plaide Élise Rousseau.
Utiles contre l’anxiété
L’autrice s’appuie sur sa propre expérience de spectatrice de la nature au quotidien, que les moindres escapades transforment en véritables bains de douceur et de joie. « Les oiseaux sont les animaux les plus faciles à observer, ils font réellement partie de notre environnement. Même quand on ne les voit pas, on peut entendre leurs chants. » Dès 2019, des études ont révélé que six minutes passées à écouter leurs mélodies diminuent de manière significative le taux de cortisol, l’hormone du stress. « Mieux que la méditation, mieux que les exercices de respiration, même si on peut les combiner avec l’ornithérapie pour décupler les effets », explique Élise Rousseau. Plus récemment, des scientifiques américains ont démontré l’importance de la biodiversité pour lutter contre l’anxiété. De quoi aiguiser son regard sur la conservation de la nature : « L’argument du bien-être prodigué par la nature est décisif pour mieux faire passer dans l’opinion la question de sa protection. Et en plus c’est un soin gratuit ! »
Se reconnecter aux saisons
Dans son livre, Élise Rousseau explique que chacun peut s’intéresser à une espèce d’oiseau en particulier. « Nous avons toute une vie qui se passe à nos côtés, mystérieuse mais accessible ! Il y a forcément un oiseau qui va correspondre à notre sensibilité, et dont l’observation va provoquer en nous ces sensations bénéfiques. » L’autrice confie s’émouvoir en particulier des danses des étourneaux en automne, des chouettes chevêches dans les vergers (elle en a vu une un jour réussir à faire fuir un chat) ou encore des grimpereaux, qui montent sur les troncs d’arbres en sautillant à la manière des souris. « La majesté des rapaces, la drôlerie de l’autruche : chaque oiseau a un comportement passionnant à étudier. Tous nous invitent à nous reconnecter au doux rythme des saisons, depuis le premier chant du coucou au printemps à la dernière nuée d’hirondelles en octobre, en passant par le rouge-gorge, la petite flamme de l’hiver dans votre jardin. »
Humilité et respect
Pour la philosophe qu’elle est aussi, l’observation de la nature et des oiseaux en particulier participe au développement des qualités humaines. « Pour entrer en contact avec les oiseaux, il faut faire preuve d’humilité et de respect, des qualités qu’on peut appliquer dans nos relations interpersonnelles. » Et dépasser notre ancienne posture de prédateur : « C’est réapprendre à se mouvoir en forêt, à bouger lentement, à se taire. Et aussi à accepter que ce sont les oiseaux qui auront le dernier mot : parfois, on n’en verra pas. » Dans un monde bruyant qui prône d’abord la vitesse et l’efficacité, les oiseaux glissent entre nos oreilles un chant de sagesse.
Ornithérapie – Et si les oiseaux nous aidaient à aller mieux ? Élise Rousseau et Philippe J. Dubois (Albin Michel, 2025)