Prospection et étude de la grande noctule dans les forêts du Nord Ardèche
Suite à un appel à projet en 2023, le Fonds de dotation a décidé de soutenir un programme de la LPO AuRA – DT Drôme-Ardèche autour d’une espèce hautement patrimoniale des forêts nord ardéchoises, la grande noctule.
Afin que la LPO puisse continuer à étudier cette espèce dans le nord de l’Ardèche pour mieux la préserver, le Fonds de dotation renouvelle son soutien financier au programme dédié à cette chauve-souris. Rare et menacée, la grande noctule vole haut, migre et utilise un réseau d’arbres-gîtes, ce qui la rend difficile à observer. Elle est essentielle à la biodiversité, car il s’agit d’une espèce parapluie, ce qui signifie que sa protection bénéficie aux autres espèces appartenant au même écosystème. La grande noctule est également une excellente indicatrice de santé environnementale, parce qu’elle est, comme l’ensemble des chauves-souris, très sensible aux changements impactant son territoire.
Amorcé en juin, ce programme de la LPO vise à capturer momentanément, sur le territoire des forêts des vallées de l’Ay et de la Cance, des grandes noctules afin de les équiper d’un capteur qui permettra de localiser leur gîte. Dès lors, la LPO peut réaliser des opérations de comptage et d’observation des chauves-souris. Cette étude contribue à mieux comprendre l’espèce et favoriser sa sauvegarde.
A propos de la grande noctule
La grande noctule, Nyctalus lasiopter, est une espèce à enjeu fort de conservation, protégée en France et au niveau européen. C’est la plus grande chauve-souris d’Europe, à l’allure typique des noctules avec les ailes longues et étroites d’une chasseuse en altitude.
L’espèce est strictement arboricole, même l’hiver.
En été, les colonies de parturition occupent principalement des réseaux de cavités arboricoles et se dispersent dans plusieurs gîtes diurnes. Les métapopulations de femelles peuvent totaliser jusqu’à 500 individus (Espagne). Les lieux de reproductions semblent être fidèlement occupés d’année en année, avec une occupation parfois dès le mois de mars. Il s’agit de réseau de gîte avec des changements d’arbre très réguliers. Les femelles mettent bas fin mai – début juin.
Leurs déplacements suivent principalement les grands éléments du paysage (vallées, relief, etc…). Ils varient entre 5 et 70 km mais la plupart des terrains de chasse se situent dans un rayon de 25 kilomètres autour du gîte. Des migrations saisonnières sont observées en milieu d’été. Des femelles vagabondes quittent leurs lieux de reproduction et gagnent des secteurs plus méridionaux.
La répartition en France a considérablement augmenté du fait d’un effort de recherche grandissant au cours des dernières décennies. Depuis quelques années et grâce au développement de l’utilisation du détecteur d’ultrasons, les données se sont multipliées sur la région, notamment dans les départements du Rhône, de l’Ardèche, de la Loire et de la Savoie.
Prospections naturalistes bénévoles
Dix jours de terrain de prospections bénévoles ont été réalisés sur l’été 2024 sur le territoire des forêts du Nord Ardèche. Des sessions de captures nocturnes ont été organisées, afin d’équiper des grandes noctules avec des émetteurs permettant un suivi télémétrique et l’identification de gîtes de reproduction.
Ces temps de prospections participatives ont été coordonnés par un chiroptérologue capacitaire.
En parallèle, 10 enregistreurs automatiques ont été déposés tous les deux jours par des bénévoles, soit environ 50 points d’enregistrement. L’étude de ces enregistrements a été réalisée par un expert, à raison de 8 journées consacrées à la gestion et l’analyse des données collectées.
Les secteurs précis des forêts nord ardéchoises ont été déterminés en fonction de l’actualisation des connaissances en 2023.